mercredi 1 juillet 2015

Tournée Roumanie - France 1/4

Le texte suivant ne reflète que MON point de vue sur cette tournée et il y a de fortes chances pour que mes petits camarades n'aient pas vécu les choses de la même façon...
Y a pas beaucoup de photos, dommage, on n'avait pas toujours l'appareil à portée de main et bon ben y a plein de moment qui ne sont immortalisés que par ces mots.

ça y est ! Après des mois de préparation de chaque côté du rideau de fer, on embarque dans le Picasso de Paulin plein comme un œuf et remontés comme des pendules ! Un peu à l'arrache, mais néanmoins prêts. On quitte Granger avec un Yannick inconsolable le dimanche 07 juin vers 11h, direction Genève puis Berne, circulation fluide, conditions météorologiques optimales et Jonas à la trompette. On trace Zurich puis on entre en Allemagne, on paume 1h à cause d'une déviation avant de retrouver la direction de Munich. Vers 21h on fait une pause et la bagnole refuse de démarrer, il semblerait qu'il y ait un problème d'injection... à force de pousser, le moteur s'ébroue enfin, et on repart. Yannick prend le dernier tour de conduite pendant que Jonas et moi chantons l'intégralité de « La Marmaille Nue » de Mano Solo en buvant une énorme canette de Faxe d'un litre à 10%. Un peu avant 2h du mat', à une centaine de km de Vienne, on s'arrête sur une aire offrant un parfait carré de pelouse pour une nuit à la belle étoile sur fond de bruit d'autoroute.

Le lendemain réveil aux aurores, un café, et c'est reparti ! Ah, en fait non. Le putain de Picasso est bel et bien en panne, et cette fois on a beau pousser, rien n'y fait. Bordel ! Le dépanneur de la station nous indique un garage juste à côté en contrebas. On y emmène la bagnole, il est 7h30 et les mécanos sont déjà au boulot. L'un d'eux prend la wago en main, et après un breakfast-bière, le verdict tombe : il faut changer toute la pompe à gasoil... 630€... et pas avant demain... bon, ça nous met grave dans la merde financièrement et ça compromet le concert de demain à Bucarest. Fait chier putain ! Mais bon, pas le choix, faut réparer la caisse. Du coup on se trouve un hôtel pas cher, vive l'automatisation, il n'y a pas de réception donc on peut squatter tous les 4 sans problème une chambre. Il est 10h, on a la journée devant nous, qu'est-ce qu'on fait ? On se cale à la terrasse la plus proche et on s'attaque VIOLEMMENT. On descend des pintes pendant 5 plombes (plus ? Moins ? Difficile à dire...) en se racontant nos vies, nos déboires amoureux, notre vision du punk rock, l'importance des paroles dans nos morceaux et ce qu'on veut mettre dedans, nos années de lycée...Au bout de quelques litres et alors que l'orage menace, et nos sans avoir négocié une tournée gratos en vain, on rentre à l'hôtel. On se prend l'averse, on arrive dans la chambre trempés. La piaule est classe avec salle de bain, on en profite pour se laver le cul tout en jouant au cap's et à faire de la merde... Yannick s'écroule en fin d'après-midi, il aura droit à une douzaine de descentes de coude de la 3eme corde. Je ne sais pas exactement à quelle heure on s'est couchés, peut être vers 22h, ce que je sais c'est qu'on était ronds comme des boudins et qu'on s'est bien fendus la gueule.

RDV devant le LIDL place Fourneyron

Le lendemain mardi 3 juin, réveil matinal, douche tant qu'on peut, et go garage Citroën. La bagnole est quasiment prête, énorme ! Un p'tit café offert par la maison avec le sourire, on paye, et on repart ! On ne sait pas si on arrivera à temps pour jouer à Bucarest, mais on est chauds la braise ! Paulin roule comme un fou, on avale l'Autriche et la Hongrie en 6h. Au rythme où on va, on commence à se dire qu'on devrait être large pour pouvoir jouer ce soir, malgré le pessimisme affiché au téléphone par Léo.
Et il avait raison.
A peine la frontière roumaine passée, tout change. Plus d'autoroute ou en petits tronçons. On se tape des cols à 50 à l'heure à suivre des camions, les gens sont complètement et incroyablement inconscients au volant (poil aux dents), ça double à l'aveugle et force le passage à tout bout de champs. On essaye de rester cools, on passe un orage assez violent qui nous offre 10m d’aquaplaning plutôt flippant sur l'autoroute, et le coup fatal tombe quelques minutes plus tard en voyant l'heure : ici, il y a 1h d'avance sur la France... on est niqués, on n'arrivera pas à temps pour faire le concert ce soir. L'ambiance n'en finit plus de tomber alors que Yannick est passé au volant pour 100 bornes de routes super dangereuse et dans la nuit.
On retrouve finalement les TBA et quelques potes à eux à 1h30 à Bucarest après plus de 13h de route, putain de bordel de merde.
Bref, on est accueillis avec le sourire, c'est cool de revoir Léo ! Ils nous proposent d'aller dans leur local de répète pour qu'on jour quand même. Go !
On se retrouve donc une petite dizaine dans un studio assez classe avec quelques réserves de leurs grandes bières de2,5L... on fait notre petit show puis TBA nous interprète quelques morceaux avant de taper un bœuf général. Vers les 4h on bouge chez Julia la meuf de Léo, en direction de Brasov où on joue demain. Un casse dalle, et dodo. On a quand même sauvé la journée.


Le lendemain on se remet un peu de nos émotions, roumains et français font plus ample connaissance autour d'un bon café. A 15h on part avec les TBA direction Brasov. Là-bas on retrouve les gars d'Agora, l'autre groupe de Léo. On s'installe au Bazar Pub puis on boit quelques pintes avant de jouer. A 22h les TBA attaquent avec un son pas génial du fait de jouer avec une batterie numérique. Il n'y personnes dans le bar, juste les groupes et les 4 potes du patron... On est impressionnés par Léo et Mat aux guitares et aux voix. Viennent ensuite les Agora, qui évoluent dans un style rock- ska – punk – world chanté en roumain par un Léo au top. Ca envoie bien, y a du level. Marius le claviériste se mange une méchante boîte en sautant, renversant son clavier Roland sur leur tube « Vreau Solutii » repris en choeur par les 4 Volstead Akt. Ensuite c'est à nous, on envoie un bon set plein d'énergie, les roumains nous le rendent bien, Yannick donne tout et Jonas aussi se prend une jolie boîte sur « R.A.M.O.N.E.S » à la fin du concert ! Malgré le peu de monde et les quelques pains de début de tournée, on est supers contents du show. On range tout, et on boit des coups dans une ambiance fort sympathique. On s'en jette une devant l'auberge où on va passer la nuit, puis nous 4 + Radwane le bassiste d'Agora allons vider une petite bouteille de vodka Stalinskaïa dans le parc du coin comme des vieux pounks. Vers les 2h, dodo. Le jeudi on se lève sous un soleil radieux, après le café on va faire un tour dans cette charmante ville qu'est Brasov, Yannick est sur un petit nuage, émerveillé par les demoiselles et les prix bas. Paulin, lui, est énervé d'avoir craqué son seul short, perdu les clés de son casier et éclaté un bouton qui saigne. Moi, je suis frustré de n'avoir pas de nouvelle de Camille et de ne pas arriver à me connecter à ma boîte mail. Rien de grave quoi !

Brasov > Hollywood

Peu avant midi on repart direction Sibiu ! Pour l'instant l'ambiance est au beau fixe entre nous et avec les roumains.
« Eux (Agora) c'est la crêpe au sucre et nous c'est la crêpe au Nutella : bien lourde, après t'as plus faim. »
A Sibiu on retrouve l'organisateur du concert dont je n'aurai pas réussi à retenir le nom. On trace dans un bar pour un gros barbec : côtes de porc, champignons au fromage, litrons de Carlsberg, Léo à la guitare, et c'est parti ! On passe tout l'aprèm en mode vacances, ce soir on jour tard. Du coup on ne bouge que vers les 19h au Hard Rock Sibiu (attention hein , pas un hard rock café, faut aps déconner) pour les balances. Ceci fait les 4 Volstead Akt vont faire un tour de Sibiu, ma foi fort jolie. Vers 22h30 les TBA ouvrent le bal, avec un set moins maîtrisé que la veille et des larsens. Il faut préciser que c'est Radwane qui fait le son à chaque fois avec les moyens du bord, les bars ne sont pas équipés. Une vingtaine de personnes sont dans la salle (ou « est » dans la salle, comme tu veux). Viennent ensuite Agora qui livrent de nouveau une super prestation, Marius au clavier donne tout en fumant clope sur clope. Après c'est à nous! Et putain, ce soir, on donne le show de notre vie. Pas de gros pain qui casse le morceau (malgré 2 lâchers de baguette), des bons choeurs, Paulin qui se lâche et et Yannick toujours à fond, plusieurs fois porté en slam. Enorme ! On prend un pied phénoménal, tout le monde vient nous taper dans les mains et nous féliciter. On se boit quelques canons, puis on va se caler chez l'organisateur pour se finir, qui nous propose un magnifique : « Anybody wants a drunk tatoo ? ». Euh, non merci ! Encore une courte et inconfortable nuit. Forcément le réveil est difficile, on reprend la route direct pour Cluj. Les roumains mettent toujours des plombes à partir et roulent à 2 à l'heure, c'est long putain. Yannick et moi avons totalement perdu notre voix, ce soir ça va être dur. Sur la route on s'arrête pour un petit resto, 15 Lei (environ 3€) par personne le menu... on se gave et on leur casse leur chiotte. Ça va mieux après !

Tournée Roumanie- France 2/4

On arrive à Cluj vers les 17h, il fait beau et chaud, on est tout poisseux. On arrive dans un bar de bikers, les balances prennent des PUTAINS de plombes à cause du matos pourri. Vers 22h TBA commencent devant 10 personnes. On était plein d'espoirs pour ce soir du fait qu'on soit à Cluj, une grande ville étudiante, et un vendredi soir, mais non, c'est comme les autres jours. Après TBA, Agora, puis nous. On est fatigués et cassés, le son merdique, on fait un set pas génial même en donnant le maximum. Le peu de personnes présentes nous donne quand même un beau moment de hardcore dancing. Yannick est tellement à bout qu'on ne fait pas de rappel ce soir, quant à moi j'arrête carrément de chanter et de parler en milieu de set. Paulin fait un concert correct mais ce soir c'est Jonas qui tient la baraque, faisant plus de choeurs que jamais. Après le show on discute avec les gens et on se bourre encore la gueule comme des cochons.
Agora

Trop courte nuit, p'ti dej, ravitaillement et go to Oradea. On a commencé à bosser quelques morceaux avec les TBA pour les jouer tous ensemble avec Marius d'Agora à la batterie. On arrive à l'Abyss Pub où un repas chaud nous attend, en mangeant le Marius susnommé nous raconte comment il a grandi sous Ceaucescu : le froid (pas de chauffage à l'école), la faim, les privations, la censure, les menaces... ça calme. Il nous dit que l'autre Marius, le claviériste, a activement participé à la révolution de 1989. Ce qui fait une grande différence entre lui et nous : la révolution, il a pas fait que la chanter !
Les conditions de jeu ont l'air meilleures pour ce soir avec des lights et des retours. Yannick et moi nous shootons au Strepsil, miel et Nurofen dans l'espoir de retrouver un semblant de voix, c'est dur mais ça devrait à peu près le faire pour ce soir. Les balances prennent encore des plombes, après ça tentative de sieste, petit tour en ville habituel ponctué de la Carlsberg qui va bien, et à 21h30 le show commence. Il y a un groupe local ce soir, des mecs de 17 ans qui ont ramené leurs potes du coup y a un peu plus de monde et d'ambiance. Ils s'appellent Subsociety Defense et proposent un mélange de punk et de métal plutôt bien foutu et engagé. Ensuite TBA montent sur scène, événement ce soir leur batteur a fait le déplacement depuis Bucarest, du coup on a droit au vrai TBA, ça déboîte grave. Léo aussi commence à fatiguer au chant mais ils nous font un super concert. C'est bien sûr Agora qui prend la relève, encore avec la grande classe. Et puis c'est à nous ! On fait un plutôt bon concert, à part moi qui met quelques bons gros pains. Mais on compense par le fameux « capital sympathie » qui nous caractérise et ça danse pas mal devant. Ce soir j'essaye de parler un peu plus entre les morceaux pour nous laisser le temps de récupérer. A la fin du set on fait « What Happened » de H2O avec les TBA, Jonas à la gratte et moi au chant sur les refrains, un beau moment de punk rock ! On finit en nage et sur les rotules. On se boit un coup ou deux puis on bouge à l'hôtel avec Matei au volant qui manque de nous tuer en forçant le passage à un camion à un rond-point. Petit pique-nique sur la pelouse puis gros dodo réparateur pour tout le monde.
JB! T'es pas dans l'temps !
Le lendemain, dimanche, dernier jour en Roumanie. Au matin on a tous retrouvé un peu la forme parce qu'on n'a pas trop abusé hier. On fait même un match de foot Roumanie – France et on les éclate 6 – 2 ! Il fait 35°, par conséquent on repart en sueur direction Arad, grosse ville près de la frontière hongroise. On arrive un peu à la bourre dans un gros club de bikers bien équipé. Sur la route on a fait quelques T-shirts TBA au pochoir et à la bombe... on sort le matos puis le propriétaire des lieux nous emmène dans son petit bar d'été pour bière-frites-saucisses et nous poser dans nos piaules sans électricité pour ce soir. On retourne au pub, les balances prennent encore une fois 3 heures parce qu'il y a toujours un câble ou un retour qui marche pas ou une décision de dernière minute genre repiquer la caisse claire qui vient encore compliquer les choses. Bref, on finit par s'en sortir et faire notre promenade - bière en terrasse entre Volstead Akt. On revient vers 22h, les TBA attaquent et il n'y a PERSONNE si ce n'est 2 poivrots à une table, c'est assez déprimant. Forcés de constater que leur set est vraiment mieux avec un batteur, Léo s'essaye à la batterie/chant. Ça marche bien malgré le son pas génial, ça fait plus punk et moins mélodique. Les Agora montent sur scène dégoûtés devant ce grand bar sombre et vide, ils raccourcissent considérablement leur set, d'autant que la voix de Léo commence à vraiment lâcher. Cependant leur set est comme tous les autres : techniquement irréprochable. Et puis à nous, dernière date en Roumanie bordel, on donne tout ! Perso je fais mon meilleur concert techniquement, je rentre tous mes morceaux, à l'inverse de Paulin déçu par sa prestation. On finit comme la veille sur « What Happened » qui déchire tout. Dès la dernière note jouée on plie les instrus en 5 minutes pour se barrer au plus vite. Un énorme orage éclate, on se réfugie au kebab à côté avec quelques binouzes et tout le monde s'envoie une bonne grosse galette. On reprend les bagnoles pour aller là où on pionce, Paulin n'a pas bu ce soir, quand on y arrive il est déjà 2h. On se cale le combo bière-gnôle-pétard de l'amitié tous ensemble et une dernière tranche de rigolade. Puis on traîne pas trop non plus parce que demain il y a 1700km qui nous attendent.

What happened to the passion ?

Réveil à 10h30, adieux à Radwane, Marius batteur et Marius claviériste d'Agora, et on trace avec les 3 TBA vers sweet home Granger !
Et voilà, c'est fini la Roumanie. Sur 6 dates (parce qu'on va compter Bucarest, merde!) et sans compter nos compagnons de route on a dû être vus par 70 personnes... Sibiu et Oradea étaient les meilleures dates. Du coup financièrement bah c'est tendu, je crois que les 2 Marius ont pas mal sorti de leur poche. On a joué surtout dans des bars de métalleux, 3 groupes inconnus et AUCUNE comm' sur les soirées, forcément ça attirait pas les foules. Un son correct mais toujours DIY et compliqué.
Voilà pour le négatif.
Le gros point positif est humain car tout s'est passé pour le mieux avec les roumains, les 2 groupes qui nous accompagnaient étaient vraiment très bon musicalement, et les uns étaient (heureusement), toujours à fond devant les concerts des autres. On s'est vraiment bien marrés putain. Notre hygiène de vie est absolument déplorable, avec un bon paquet de clopes quotidien pour mes 3 camarades et une moyenne de 5L de bière par jour et par personne, des nuits courtes et parfois inconfortables et une alimentation basée sur les sandwichs. Tout ça s'est ressenti à partir du jeudi sur notre état de fatigue. Notre hygiène corporelle n'est guère mieux, avec 35° de température et une bonne grosse suée à chaque show ; surtout pour moi qui n'ai plus qu'un T-shirt et une paire de chaussette après avoir paumé le reste à Cluj... Enfin on a quand même pu se doucher presque chaque jour. Voilà quoi c'était notre première tournée, on a fait le taf, on n'a pas trop mal joué et le peu de gens qui nous ont vu ont bien kiffé. Nous en tous cas on est bien contents, on a aimé les gens, la chouille, le soleil et Paulin a fini par s'habituer à la conduite romanian style. Je tire mon chapeau à Yannick qui a été extrêmement raisonnable à partir du moment où il a perdu sa voix, il a pris soin de lui ! Maintenant on part en France plein d'espoirs avec 5 date qui devraient être plutôt classes, on compte bien chouchouter Léo et les 2 Mat de TBA en espérant qu'ils vont kiffer.

Tournée Roumanie - France 3/4


On fait les quelques kilomètres qui nous séparent de la frontière hongroise puis on sème rapidement les TBA qui s'interdisent de dépasser les 110km/h avec le popo. La Hongrie est aussi droite et plate qu'à l'aller, on est rapidement en Autriche. Le ciel se couvre petit à petit. Alors que la frontière allemande et l'heure de se coucher approchent, il fait carrément froid (16°, soit 20 de moins que quand on est partis ce matin) et il pleut. On finit par prendre la grave décision de rouler non-stop en se relayant. Moi je suis pas pour mais les autres se sentent assez en forme. On part donc pour une longue nuit sans sommeil, les heures, les km et les villes s'enchaînent. Paulin, Yannick et Jonas se relaient au volant, moi je ne suis jamais ni vraiment éveillé ni vraiment endormi. On traverse la Suisse et on arrive à la frontière française vers les 5h, à la grande joie de Yannick. C'est d'ailleurs lui qui prend le dernier tour pour rentrer à Granger. Vers 7h30 on y est avec une provision de croissants, on vient de se taper 1700km en 21h... on est lessivés. On prend un p'tit dej, on raconte notre semaine à Colin, et tous au lit. Tout comme dans la bagnole j'ai du mal à dormir, je me relève assez vite. Vers 14h je reçois un appel de Mat :
« JB on a eu un accident.
  • Quoi ?!
  • La voiture est détruite, on est en Allemagne à 100km de la Suisse.
  • Quoi ?! Mais qu'est - ce qui s'est passé ?
  • On n'a pas pu freiner à temps pour éviter de rentrer dans le camion...
  • Mais ça va ?
  • Physiquement ça va, Léo s'est cassé le nez il a dû aller à l'hôpital, mais on va bien... mais moralement c'est dur.
  • Mais vous n'avez rien ?
  • Quelques bleus et des égratignures... bon, comment on va en France maintenant ? »

Bordel !! Putain de merde !! Les pauvres... Je suis en panique, on essaye avec Mat d'évaluer les possibilités qui s'offrent à nous pour finir la tournée. Je tourne en rond pendant une heure avant de me décider à réveiller Jonas et Yannick. Ils sont aussi effondrés que moi à l'annonce de la nouvelle. On retourne toutes les options possibles et imaginables, qui seraient trop longues à noter ici, pour que Léo et les 2 Mat arrivent au mois à Grenoble pour jouer à la Baf demain. On les a plusieurs fois au téléphone, une chose est sûre : ils n'abandonneront pas.
On se pète une énorme bouffe réparatrice pour nos estomac mais on est si tristes pour les roumains... en fin d'après-midi, j'appelle Mat pour avoir des nouvelles, ils pensent avoir trouvé une solution sous forme d'une Ford Fiesta en loc... ils reprennent la route ! Quand je parle à Léo pour la dernière fois de la journée vers 22h, il me dit dans une voix et un ton si différent de d'habitude que je me demande si c'est bien lui que j'ai au bout du fil, qu'ils ont réussi à mettre TOUT le matos dans la fiesta et qu'on les retrouve demain à Grenoble... c'est des oufs putain !
Dragos, clochard et 4eme TBA

Le lendemain je me réveille un homme nouveau. La douche, la bouffe et une bonne nuit de sommeil pour le corps, et enfin une vraie conversation avec Camille pour l'esprit, je me sens bien et prêt à repartir.
Du coup on a organisé un gigantesque trafic de véhicule pour cette fin de tournée, on commence par aller chercher un Kangoo chez l'oncle de Jonas en échange de ma ZX. A midi j'appelle Léo qui me dit qu'ils sont quasiment arrivés, on se dépêche de charger les bagnoles et go to Gre. On arrive à la Baf, accueil chaleureux, on retrouve les roumains et leur Fiesta chargée à bloc. On installe, on laisse la place pour un cours de yoga, puis on balance. Pas mal de monde est déjà arrivé, ça fait plaisir ! Les TBA attaquent leur premier show en France après une p'tite assiette vegan vers 21h30. Il y a du public, ils sont refaits ! Et même quelques keupons à crête chauds bouillants. Matei à la guitare prend le temps d'expliquer les morceaux et la drôle de situation du groupe avec Léo qui se retrouve batteur. Après leur bon set on investit la scène, interdit de jouer torse nu à la Baf bordel de merde. On fait un set mortel devant une bonne quarantaine de personnes, avec quelques pains mais du genre que seuls nous entendons. Je massacre quand même bien la reprise de H2o mais l'énergie est là ! C'est Raaouh qui finit la soirée, électro-dance-psyché, pas trop mon truc t'as vu. Je reste dehors à causer avec les gens et vider des canettes. En fin de soirée on se sépare après le rangement habituel, les roumains vont chez un mec et nous chez des potes de potes. On boit des vodkas et on se couche car demain y a d'la route !
Le jeudi 18 on se lève à 10h, bon gros p'tit dej, gueule de bois, merci au revoir. On retrouve les roumains qui ont 1h de retard... puis on trace à Vienne chez les parents de Yannick qui nous offrent un magnifique gueuleton, et on laisse la Fiesta pour repartir à 2 véhicules vers Marseille. On monte à 5 dans le Picasso et à 2 dans le Kangoo. Nos petits roumains chéris sont trop contents d'être là, impressionnés par les lieux, les gens, les paysages.
On arrive à Marseille sous un temps typiquement provençal et on retrouve Greg et Nico du squat Mallaval dont c'est probablement la dernière soirée. Bel et immense endroit, on rencontre rapidement les autres groupes du jour : Pom, Lobster Killed Med et un trio de filles du squat dont j'ai oublié le nom. On vide les bagnoles et on retrouve Greg, HK et Mathias, des potes à nous basés ici pour faire un tour au port et descendre quelques mauresques en terrasse. On est bien, con ! Vers 20h on retourne au squat pour le dîner et faire un peu mieux connaissance avec les autres groupes et les habitants du lieu. Le 1er groupe commence, punk-garage à la Stooges, une centaine de personnes est là. C'est la bonne ambiance des squats : des gens tous différents, filles, mecs, jeunes, vieux, habillés n'importe comment et qui font n'importe quoi. Ensuite c'est Pom qui joue, du math-rock (même si ce terme ne leur plaît pas) à la NoMeansNo, sans chant, complètement déstructuré, bref, ils mettent une calotte à tout le monde. Super cools et plein d'humour pour ne rien gâcher.Après c'est Lobster Killed Me, punk rock assez mélodique et très bien foutu de cinquantenaires en pleine forme qui font le même tour que nous : Annonay, Grenoble, Marseille, Sainté... 4eme groupe les TBA, impressionnés par la « foule » et désormais rejoints sur les 3/4 de leur set par Dragos, un ami à eux qui les a rejoints en stop depuis Amsterdam (!!!) et qui a très vite assimilé leurs morceaux à la 2eme guitare. Il galèrent un peu ce soir mais la qualité de leurs compos reste la même. Ils concluent avec une reprise de « Baby, I'm an Anarchist » pas tout à fait au point. Et puis le dernier groupe, Volstead Akt ! On fait un bon gros show toujours bien hardcore, Yannick donne le peu d'énergie qu'il lui reste, il me paraît vraiment à bout de force aujourd'hui ! Derrière on assure une bonne instru mais on a du mal à enchaîner rapidement les morceaux. Dans le public ça danse pas mal (enfin surtout nos potes mais bon) même si c'est difficile pour moi d'évaluer les réaction des gens depuis ma batterie. On termine avec nos reprises habituelles + « What happened » qu'on joue plutôt bien ce soir. Il est près de 2h quand on s'arrête et qu'il faut tout ranger. On dort dans un autre squat, de ce fait il nous faut attendre que tout soit nettoyé pour partir, on bouge à plus d'une vingtaine dans les rues de Marseille pour aller à la Casa Mimosa, on y arrive à 4h du mat', on est dégeus, épuisés, et demain on a 6h de route pour aller à Roanne. Chaud !
Bonjour ! Le foyer "Calme et Sérénité" s'ils vous plaît ?

Tournée Roumanie - France - 4/4

In the van again... it's a 15 hour drive and no one's sleeping !!! (Shelter "in the van again")
Le vendredi réveil à 9h, les roumains ont du mal, pourtant faut bien qu'on marche pour retourner au squat Mallaval où sont nos voitures. On arrive à reprendre la route vers 10h30. On passe par le quartier général à Granger pour faire de nouveaux transferts de bagnoles et en ce qui me concerne prendre la douche de ma vie. On arrive au BXL de Roanne un peu avant 18h, balances direct, avec Axel aux manettes ça rigole pas. C'est toujours spécial de jouer à Roanne pour moi car je sais que je croiserai des gens que j'ai pas vu depuis une éternité, plus la famille et tout... mes parents arrivent d'ailleurs alors qu'on termine le délicieux couscous maison. A 21h30 les TBA commencent alors qu'on est sans nouvelle de Dragos, perdu entre Marseille et Roanne... les roumains livrent sans conteste leur meilleure prestation de la tournée, excellent son, tout est juste et nous on connaît maintenant leurs morceaux par cœur. On leur succède sur scène, on jouera tout le concert devant 10 pelos alors qu'ils sont 50 en terrasse... je suis dépité. Infrarouge (le 3eme groupe de la soirée, local) et les autres roannais que je connais préfèrent siroter des bières dans le bar où ils sont tout le temps fourrés plutôt que de soutenir 30 minutes des groupes qui viennent animer cette ville pourrie. Du coup on boycotte le dernier groupe et on finit la soirée dehors à boire des coups. Je revois effectivement quelques têtes de l'époque du lycée, c'est drôle. Enfin, la soirée est largement sauvée par l'accueil 5 étoiles d'Adrien : catering excellent, bière à volonté et bon défraiement malgré l'entrée gratuite.



Vers 1h on décide de rentrer à la base grâce à Yannick qui a été sage et Matei le bassiste qui ne boit pas. A la maison, un dernier p'tit canon, debrief général et bras de Morphée.

TBA au grand complet

Le lendemain samedi 20 juin, avant-dernière date de la tournée, on se prépare tranquillement pour décoller vers Annonay à 13h. On est accueillis là-bas par Kazi, un vieux pote de Yannick. On fait de bonnes balances puis on passe l'après-midi à glander en essayant de pas trop se bourrer la gueule. La « tête d'affiche », Rufus Bellefleur, prend une plombe pour ses balances et décale le début des concerts d'autant. Les groupes locaux commencent : les Anes Animent (punk français à la Agressive Agricultor), Igor et ses Traitres (rock'n roll avec un chanteur qui a la voix plus cassée que nous) puis les Marrons d'Ardèche (hard rock local heroes). Ensuite un groupe allemand de rock'n roll avec un nom allemand, pas mal. La nuit tombe et à la louche je dirais que 250 personnes sont là (c'est un concert en extérieur, avec quelques stands de fringues, de bougies, churros etc... c'est la fête de la musique quoi!) mais pour l'instant surtout attirées par la buvette. Nous on reste gentiment à notre stand à tour de rôle en causant avec les gens du coin, pour la plupart vivant aux Tanneries, un squat/lieu de vie situé juste derrière le parc où nous sommes. Viennent ensuite les fameux Rufus qui nous offrent un « show » chiant à mourir, du rock/folk/electro tout mou et ridiculement chorégraphié au millimètre avec 2 choristes/potiches et un chanteur 1980 un poil arrogant. Bref. Il faut en plus 30 bonnes minutes de changement de plateau, il faut redéménager intégralement la scène parce que t'imagines bien que de telles stars ne peuvent jouer sur le même matos que tous les autres groupes. Un peu avant la fin de leur concert on nous annonce qu'un groupe trash/métal de p'tits jeunes du coin vient s'intercaler entre eux et TBA... wahou... encore une demie heure de plus à patienter, on commence tous à en avoir un peu marre. Du coup après les métalleux, alors qu'on commence à installer TBA, Jonas vient me voir et me dit : « JB, je peux pas jouer. » QUOI?! Je lui dis d'attendre le concert de TBA et qu'on verrait après. Il va s'isoler un peu pendant qu'on installe, j'ai les boules à mort. Quelle connerie putain ! Au bout d'un ou deux morceaux et malgré nos protestations il vient me confirmer qu'il se sent tout à fait incapable de jouer, de se concentrer et de tenir sa guitare. BORDEL ! Je pète mon câble, à mon tour je vais ruminer dans mon coin en le maudissant, c'est pas possible de devoir annuler le dernier concert de la quinzaine pour CA putain ! On range tout et on laisse la scène à un DJ techno, je ne pense pas que qui que ce soit dans le public ait noté qu'un groupe n'as pas joué et Kazi est limite content vu le retard pris. J'emmerde la terre entière, con de public, cons de « rockstars », cons de métalleux qui s'incrustent, con de Jonas. Journée de merde. Matei à beau m'expliquer que tout est de sa faute, j'en ai rien à battre. Je veux me barrer. Paulin veut pas, on va se coucher aux Tanneries.

Le lendemain matin, dimanche 21/06, c'est l'heure de rentrer et l'ambiance n'est pas au beau fixe, mais bon. On s'explique et puis on sait bien que finalement c'est pas si grave, Jonas s'excuse, et il reste un dernier concert chez nous à St Etienne.

Pendant les 4 jours qui suivent, je reprends une vie normale, le boulot et tout ça. Les 3 autres hébergent les 4 roumains, l'ambiance doit être folklorique entre l'enregistrement de leur démo, des parties de PES et des barbecues à toute heure.
Et puis voilà, je rejoins toute cette joyeuse bande le jeudi 25/06 à la Gueule Noire à Sainté, pour le tout dernier concert de la tournée, organisé par nos soins. On retrouve nos camarades stéphanois pour s'occuper du bar, des entrées, de la bouffe, du son... et Colin qui a organisé une tombola pour nous aider à rembourser la réparation de la voiture ! Excellent.
Vers 21h30 c'est Tisiphone qui ouvre le bal avec leur post rock/cold wave de très bonne qualité. Ensuite c'est Addiction et leur métal/punk qui montent sur scène, et malgré leur technique impressionnante ils jouent vraiment trop fort, le chant est inaudible et les gens quittent la salle petit à petit. Ce sont nos nouveaux héros du garage/hardcore Good Good Things qui prennent le relais, avec déjà 1h de retard sur le programme... les GGT envoient leur set à 200 à l'heure, mais bon dieu comment vont-ils si vite ?! Pendant qu'on s'installe Colin prend le micro, nous sort un génialissime poème sur la Gueule Noire, et tire la tombola ! Un grand moment !
TBA @ La Gueule Noire
On fait ensuite notre concert, il y a environ 60 personnes ce soir. On joue bien, au bout de 3 morceaux Jonas pète une corde (alors qu'on devait déjà bien raccourcir le set à cause du retard), ce qui nous permet avec Yannick de balancer notre petite impro hip-hop qui à force n'est plus vraiment une impro ! On reprend le show sur les chapeaux de roue sans interruption, les TBA sont là pour chanter « Friends » avec nous, on ne joue pas la reprise de Pailhead mais plutôt « Violence » qui apparaît comme la meilleure chanson de notre album. On aurait bien fait un rappel mais il faut vraiment laisser la place aux TBA.
Ils montent sur scène tous les 4 désormais, et Matei est assez à l'aise en français pour présenter le groupe et ses morceaux. Nous on est à fond, on connaît tous les refrains par cœur ! On termine tous ensemble sur une reprise de « You » de Bad Religion et « What Happened » de H2O. Le concert et la tournée se terminent ainsi, je fais de trop rapides adieux aux roumains car je dois partir, en laissant mes collègues s'occuper de tout ranger...

Voila, on peut dire que les 2 parties de la tournée auront été complètement différentes, une fois en France on a pu donner des concerts devant des gens, défrayés, avec d'autres groupes etc, c'était cool ! Mais du coup on était moins fourrés tout le temps tous ensemble et ça faisait un peu les TBA d'un côté et nous de l'autre, même si l'histoire d'amour entre les 2 groupes est définitivement une certitude. On s'est quittés en se disant qu'on remettrait ça, le plus vite possible! Ils ont kiffé leur séjour en France et c'est vrai que cette semaine était mortelle. Je pense franchement que sur les 20 jours qu'a duré en tout cette tournée, on est passé par toutes les émotions et sentiments qu'un être humain puisse ressentir : de la joie à la tristesse, de l'euphorie à la colère, de l'empathie à la haine, de la solidarité, de la déception, de l'enthousiasme, de la lassitude, du désespoir, de l'envie... c'était exténuant physiquement et mentalement. C'était un vrai dépucelage quoi : un peu difficile, pas génial dans l'absolu mais absolument super et inoubliable pour chacun d'entre nous.

Du point de vue musical on est assez contents, on n'a pas fait de concert parfait en tout point mais on n'a pas trop mal joué non plus et surtout on a eu dans l'ensemble de très bons retours de la part des gens, et j'ose espérer que ce n'était pas que de la politesse. Cela dit, on n'a rien vendu... les 2 meilleures dates étaient pour moi Sibiu et Marseille et les 2 plus pourries Arad et Annonay. On a quand même raté 2 concerts sur 11, alors que les TBA ont tout joué ! Financièrement, le bilan est évidemment mauvais, disons qu'on n'a pas beaucoup plus perdu d'argent que si on avait fait des gros week-ends chez nous quoi. Par contre on a réussi l'incommensurable exploit de pas casser ni oublier d'instrument !!

En tous cas, vivement la prochaine !